Cyber-magica
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Cyber-magica

Chronique d'anticipation magique.
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-36%
Le deal à ne pas rater :
WD_BLACK Disque SSD Interne 2 To – SN770 NVMe PCIe 4.0 x4 ...
109.99 € 171.72 €
Voir le deal

 

 Chroniques olfactives.

Aller en bas 
AuteurMessage
Sarah H.

Sarah H.


Messages : 69
Date d'inscription : 29/09/2010

Chroniques olfactives. Empty
MessageSujet: Chroniques olfactives.   Chroniques olfactives. Icon_minitimeJeu 28 Avr - 11:56

Cela avait commencé dès l’enfance. Cette fâcheuse manie qui horripilait tant sa mère qu’elle avait de tout porter non pas à sa bouche mais… à son nez ! Le nouveau, l’inconnu, le premier contact était toujours olfactif. Alors que tout petit explorateur imprudent portait systématiquement l’objet de découverte à sa bouche, elle ? Non ! La convoitise, la plus improbable finissait toujours, sous son nez ! Alors que les mains parentales se tendaient déjà pour subtiliser le possible corps étranger qui les emmènerait, au mieux, en courant le marmot sous le bras à la salle de bains au pire au service des urgences, les petites mains potelées s’arrêtaient « sagement » en chemin, devant la bouche rieuse qui ne s’ouvrait pas pour engouffrer leur rapine mais là… juste devant, sous le nez exactement, le minuscule appendice qui se frisait de délices ou de curiosité, voir d’un dégoût attentif. Curieuse enfant. Indéniablement le cinquième sens chez elle fut toujours le premier. Alors finalement, ils s’étaient habitués à ce petit rituel à priori inoffensif, et l’enfance était passée, la litanie des odeurs marquant l’inconscient malléable, sculptant l’univers parfumé dans laquelle elle s’enracinait d’avantage chaque jour.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le temps s’égrène, la manie ne cède pas même si elle se police, passerait presque inaperçue, si ce n’est ce léger stop de la fourchette devant sa bouche, ce frémissement presque imperceptible d’une narine qui capte, analyse le fumet avant de goûter quoi que ce soit. Quelques petites manies révélatrices aussi, comme ces jeux qu’elle s’est inventés. Le jeu des parfums, tous ses petits flacons, ses miniatures vides mais qui gardent encore ces infimes traces, ces fantômes odorants qu’elle reconnaît un à un sans jamais se tromper. Le jeu des bocaux, boîtes, où elle enferme ses trésors, là une étoile de badiane, là une rose complètement desséchée mais qui sentait si bon, et des choses… plus improbables aussi…Cette pièce de métal à la si curieuse odeur, cette poignée de rivage pleine d’algues et de coquillages, une mèche de laine, un petit bout de cuir, une iule séchée. Je ferme les yeux, j’ouvre la boîte, je libère l’odeur et… je devine. Gagné ! Elle était imbattable à ces jeux là !

Le nez s’est allongé, affiné, presque droit avec un petit air d’insolence, se fronçant toujours volontiers dans le rire ou… le déplaisir d’une senteur qui lui sied peu. Entre une bouche charmeuse finement ourlée et des yeux noisette aux éclats d’ambre. Le regard qui le surmonte tour à tour vif, attentif ou espiègle, et même parfois presque noir de colère ! Mais le plus souvent rêveur, absent d’un monde toujours trop brutal et destructeur à ses yeux, lorsqu’elle se fond dans celui des fragrances éthérées.

Adolescence sans histoire, études classiques où sa curiosité des langues modernes ou anciennes accompagne une spécialisation de biochimiste menée sans difficulté et…la tête des parents au jour d’annoncer son choix de poursuivre ses études.


« Je veux être nez ! C’est pour çà que je suis faite ! »

Cris, pleurs, courroux parental, questions méfiantes :

« Mais nez ? C’est un métier çà ? »

Quelques semaines, quelques heures de palabres et de négociations plus tard elle avait gagné. La jeune fille de 21 ans débarquait en France. A Versailles ! Elle avait passé brillamment les tests de la mondialement célèbre école des Nez, le fameux et unique ISIP, Institut Supérieur International de la Parfumerie. Les sélectionneurs la retenant avec la quinzaine d’élus de l’année venus des quatre coins de la planète, décelant une époustouflante mémoire olfactive d’une finesse et d’une justesse absolue et un don inné pour des assemblages aussi harmonieux que surprenants. Les années suivantes avaient passées presque comme un rêve entre cours et stages pratiques dans des sociétés de parfumerie, en déplacement sur les lieux de productions des essences les plus rares, ou dans ses usines qui synthétisaient l’impalpable artificiel au quatre coins de la planète. Elle avait découvert la France, son sud, terre bénie des parfums et siège des prestigieuses et ancestrales dynasties de parfumeurs, l’Europe aussi. Sa passion des parfums la mena naturellement à étudier la botanique qui lui prodiguait ses sensations parfumées les plus enivrantes et fréquentant assidûment la Sorbonne et son collège d’ethnologie, les musées alors qu’elle entame des travaux de recherches sur « le parfum, ses usages et ses rituels. »



Dernière édition par Sarah H. le Sam 21 Mai - 15:07, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Sarah H.

Sarah H.


Messages : 69
Date d'inscription : 29/09/2010

Chroniques olfactives. Empty
MessageSujet: Re: Chroniques olfactives.   Chroniques olfactives. Icon_minitimeJeu 28 Avr - 11:56

Grasse, France, Mars 2044…

Alors que sur les collines Grassoises la folie du mimosa vient de se terminer, se profile la promesse des premières Roses de Mai, que son diplôme en poche elle termine sa première vraie mission de création chez un parfumeur de la région une terrible nouvelle lui parvient qui la fait précipitamment rentrer vers les froidures encore hivernales de la côte est américaine.

Ses chers parents ont perdu la vie dans un accident de voiture.


Dernière édition par Sarah H. le Jeu 28 Avr - 12:11, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Sarah H.

Sarah H.


Messages : 69
Date d'inscription : 29/09/2010

Chroniques olfactives. Empty
MessageSujet: Re: Chroniques olfactives.   Chroniques olfactives. Icon_minitimeJeu 28 Avr - 11:59

Wainscott, Long Island, Etat de New York.Début Avril 2044

Quelques jours plus tard la voilà seule. La grande maison familiale désertée des derniers visiteurs, de la famille venue pour les obsèques, c’est une jeune femme lasse qui va se lover dans la liseuse du salon, une tasse de thé dans une main, l’autre libère de l’entrave de l’attache la chevelure châtain qui se répand sur ses épaules. Le regard se perd sur les pages ouvertes d’un album photo posée sur la table basse, flotte, loin au-delà, le nez perdu dans les effluves apaisantes, presque maternelles d’un thé noir à la cannelle… Un museau gigantesque vient se poser lourdement sur ses genoux, soupire sa présence aimante.

- Culann . Qu’est ce qu’on va devenir ? Hum ? Qu’est ce que je vais faire de toi pendant mes absences ? Si on disait à Tante Kim de venir habiter ici ? La maison est si grande ! Tu en penses quoi ?

Les doigts fins vont caresser la grosse tête, lisser le poil hirsute du grand Irish Wolfhund. Le nez analyse machinalement l’effluve animal qui s’en dégage, relève les notes marines, les senteurs salées dans l’odeur animale, trahit l’escapade vers la plage du grand lévrier. L’or de son regard est doux sous les sourcils broussailleux. La queue s’agite, faiblement, puis plus vigoureusement au nom de la tante Kim.

- Toi aussi tu l’aimes bien n’est ce pas Kimmy? Tu es d’accord alors ! Nous allons faire çà !
Revenir en haut Aller en bas
Sarah H.

Sarah H.


Messages : 69
Date d'inscription : 29/09/2010

Chroniques olfactives. Empty
MessageSujet: Re: Chroniques olfactives.   Chroniques olfactives. Icon_minitimeJeu 28 Avr - 12:03

Wainscott, Long Island, Etat de New York. Mai 2044

Tante Kim est venue. Bien sûr… Ravie. Elle avait débarquée une quinzaine de jours après sa demande. Trop heureuse de quitter l’appartement exiguë que sa minuscule pension de retraite lui permettait pour retrouver l’antique maison de famille. C’est presque naturellement qu’elle avait retrouvé le chemin de la chambre qu’elle avait si souvent occupée enfant, puis jeune fille lors de ses vacances, repris ses marques et ses petits rituels comme si rien n’avait changé depuis l’époque et… c’est vrai que rien ou presque n’avait changé.

La vieille demeure de trois siècles traversait les ans comme un vaisseau immobile, voyait grandir des Rowland depuis des générations seul les visages changeaient. Elle restait immuable dans l’ombre du sycomore aujourd’hui géant. Bien sûr on l’avait modernisée, elle disposait de tout le confort moderne que le poste envié de Directeur de la Long Island Federal Bank avait permis. La couverture de bardeaux avait été refaite entièrement l’an dernier. La foudre avait fait chuter une énorme branche du vieux géant végétal et avait failli mettre le feu au toit de la bâtisse. La maison rénovée gardait cependant son ineffable cachet, cet air d’autres temps et le caractère qui lui avait valu d’être classé par le bureau des bâtiments historiques. Un jour… elle finirait en musée. Quant il n’y aurait plus de Rowland ?


- Sweety ? Je te dérange ? On y va ?

Un sourire qui se retourne, s’affirme tendrement de la jeune femme qui se tient sous la véranda, rêve devant ce paysage vert qui va jusqu’aux étangs et à la grève là bas…

- Non… Je t’attendais, et je t’ai sentie arriver !
Toujours l’Heure Bleue n’est ce pas ?


- Bien sûr ! En attendant que tu en crées un pour moi ! Tu sais combien j’aime ce parfum…

- On ne change pas une équipe qui gagne ! Allez ! Viens voir mes Catteleyas ! Une nouvelle espèce entre en floraison !

Un rire, bras dessus bras dessous, les deux femmes descendent le perron, se dirigent vers la serre qui jouxte la maison, un rituel qu’elles ont retrouvé avec bonheur aux derniers moment de l’après midi, là où les belles empoisonneuses exhalent leurs premiers parfums.

- Sais tu que ton merveilleux parfum qui séduit toujours autant est né il y a plus d’un siècle ? Ce bijou date de 1905, Guerlain y a symbolisé le moment de la journée où le soleil se cache pour laisser la place à l’obscurité, les portes de la nuit.

Dans un glissement grincheux, la porte vitrée laisse passer les flâneuses qui franchissent son sas, disparaissent dans le fouillis végétal absorbées dans l’atmosphère humide où s’épanouissent les plantes à parfum et d’autres espèces plus surprenantes, collection botanique originale et rare aujourd’hui, certaines glanées lors de ses voyages et confiées à la main verte de sa mère qui avait su les acclimater à merveille. Le fond de la serre est occupé par une immense volière, mère et fille partageant la même envahissante passion pour la gente ailée qui la peuple de ses chants et ses bruissements d’ailes. Le sifflement d'accueil mélodieux du cardinal s'élève. Il se tient aux aguets, sur une branche haute, à l'affût des friandises que Sarah ne manquera pas de lui laisser après sa sa visite. Aujourd'hui une tranche d'un quatre-quart savoureux imbibé de sirop, peut être quelques vers capturés dans ses plantes ? La chaleur qui revient progressivement a ramené les insectes, sa femelle couve sur le nid bien caché dans le vieux lierre, elle a faim. Bientôt il y aura des petits au bec toujours ouvert à rassasier.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Chroniques olfactives. Empty
MessageSujet: Re: Chroniques olfactives.   Chroniques olfactives. Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Chroniques olfactives.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cyber-magica :: La Chronique :: Personnages :: Sarah H. Rowland-
Sauter vers: