-------- Commencement ? ----------

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Le vent souffle fort sur Long Island en cet automne par ailleurs relativement doux. Et le sable et les feuilles mortes volent autour de la calèche brinquebalante qui s'avance sur la petite allée reliant la vénérable Rowland House au reste du monde. Dans les aboiements du chien, deux personnes descendent du véhicule : un homme en imperméable, blond, la trentaine, rasé de près; une femme, légèrement plus jeune, cheveux bruns remontés en chignon, en tailleur et manteau sombre.

Après avoir parlé au conducteur -sûrement pour lui dire de les attendre- Ils se dirigent lentement vers la porte d'entrée, s'attendant à ce qu'un habitant de la maison -forcément prévenu par les aboiements- viennent les accueillir.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le grand lévrier rentre de la plage, un petit trot souple sur le chemin sablonneux qui longent la zone de joncs qui séparent les étangs de la grève d'où il revient. La grève est déserte ce matin, pas même un cavalier, battue par le vent. Comme chaque matin il reprend le chemin qui le ramène de son escapade, pas vraiment permise mais tolérée, accélère lorsqu'à la sortie des joncs la paysage s'ouvre, que là bas la maison paraît, c'est le moment de lacher les gaz ! Le grand galop final. Juste le plaisir de galoper, la gamelle qui dessalera ses babines hirsutes et l'espoir du tapis devant la cheminée en point de mire.

Un léger freinage, le regard de l'irish wolfhound s'aiguise, la truffe prend le vent, fort ce matin mais il souffle de la mer, ne porte pas l'odeur de ce que sa perception de chasseur à vue décèle, cette carriole qui bringuebale sur la route de Rowland House, qui va bientôt atteindre son domaine. Alors l'athlète se réveille, les reins puissants se détendent dans une fougueuse accélération, accélère encore et tel un missile coupant par l'étendue herbeuse des pelouses, dans un trajet parallèle à l'allée des grands arbres, vient freiner dans de sonores aboiements devant le cheval qui s'immobilise devant le perron. La grosse voix alarme la maison, voilà bien longtemps que la cloche pendue à l'entrée est devenue inutile. Un rideau bouge à l'étage, le chien s'assoit, entre visiteurs et perron, haletant et grondant, guette le pas de la maîtresse qui arrive, observant l'équipage qui descend du véhicule, sous les sourcils broussailleux le regard est méfiant, circonspect.

L'oreille en rosette frémit, ca y est, la porte d'entrée s'ouvre, elle paraît.

- Ca va Culann ! C'est bon...

La jeune femme s'arrête un bref instant, regardant le couple qui sort de la calèche. Vêtue d'un jean et d'une simple chemise dont elle a roulé les manches, se frottant les bras machinalement à l'assaut du vent, d'un geste écartant les mèches qui volètent devant ses yeux. Elle descend du perron, affiche un léger sourire de circonstance pour accueillir les visiteurs inconnus. La main chaleureuse gratte au passage la grosse tête du chien, faisant fouetter la queue du lévrier, le dédouane de sa "mission" de surveillance. Le cerbère se couche alors, observe, attentif.

- Bonjour !
Sarah Rowland. A qui ai-je l'honneur ?

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Les visiteurs n'ont pas l'air rassurés par le molosse. C'est avec réticence qu'ils le quittent des yeux pour se tourner vers la jeune Rowland.

"Enchanté de faire votre connaissance Miss ! Je suis Warren Hanson. Et voici ma collègue Sarah Cameron. Fameux chien que vous avez là !" dit l'homme d'une voix forte luttant contre le vent tout en tendant la main à son interlocutrice. Sa mine s'assombrit juste après, son air cordial faisant place à une triste compassion "Je suis sincèrement désolé pour vos parents Miss. C'est une grande perte, toute l'ile les regrette."

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Un léger froncement de sourcil à la présentation des inconnus. Warren Hanson ? Sarah Cameron… Elle les dévisage et les observe, autant que la politesse le permet, finissant par noter le regard que les visiteurs jettent vers le géant canin qui s'est couché mais ne les lâche pas du regard. Un presque imperceptible sourire, légèrement amusé, elle franchit les quelques pas qui la séparent encore des étrangers.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

- Oui. Culann est un ami irremplaçable. L’irish wolfhound est un géant fidèle et dévoué. Avec lui pas besoin de sonnette n’est ce pas ? Et il est suffisamment dissuasif pour m’éviter les astreintes d’un gardien. En Irlande d’où il vient il est hautement estimé. Ses ancêtres ont toujours accompagné les Irlandais. Depuis l’antiquité ils y sont honorés. Chien de guerre, chien pour la chasse au loup ou au cerf… aujourd’hui fidèle compagnon et sportif accompli. Les courses où ils sont engagés sont toujours grandement prisées.

Tandis qu’elle parle, elle s’approche, la main se tend, salue l’une et l’autre, prenant conscience que décidemment le vent souffle encore très fort, que la conversation prend un tour personnel, acquiescant d’un léger signe de tête aux condoléances qu’on lui présente, d’un geste de la main, les invite à entrer.

- Merci Monsieur Hanson. Il semblerait en effet. Je ne finis pas de recevoir condoléances et visites de courtoisie. Je vous avoue que… j’avais un peu perdu contact avec l’île, et ses habitants. C’est chose réparée.

Je vous en prie, mettons nous à l’abri, converser dehors est insupportable aujourd’hui !
Entrez !

La jeune femme gravit le seuil, invitant le couple à la suivre, pénètre dans l’entrée au pied de l’escalier qui mène à l’étage leur ouvrant d’un geste le chemin du salon sur leur droite. Dans la cheminée un feu est allumé, malgré la douceur de l’automne, rendant l’atmosphère chaleureuse et accueillante. Le lévrier dédaigne les visiteurs, suit d’un pas tranquille leur entrée, renifle au passage le bas d’un manteau avant de capter le regard réprobateur de la maîtresse et avec un soupir d’aise vient se coucher devant le feu. Seul le regard sous les sourcils broussailleux qui ne quittent pas les visiteurs révèle l’attention méfiante qu’il leur porte.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Avec respect, les visiteurs pénètrent dans la veste demeure, se tordant la tête pour contemplant les hauts plafonds et les vastes pièces. Le confort du salon les détend manifestement un peu, bien que la fixe attention que leur porte le chien imposant les laisse sur une posture instinctivement défensive.

La femme toujours muette, c'est Warren Hanson qui prend à nouveau la parole.

C'est une bien belle demeure Miss Rowland, un joyau architectural dont l'île et votre famille peuvent être fière. Vaste domaine également à ce que nous avons vu en venant. Avez-vous beaucoup de personnel pour vous occuper de tout cela ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

La jeune femme va s’installer sur l’un des sofas, celui proche de la cheminée, invitant les visiteurs à se mettre à l’aise, à s’installer sur celui qui lui fait face. Un léger sourire encore, à leur air intimidé, d’une main tranquille flattant le « monstre » qui du coup ne porte plus attention aux étrangers, s’installe pour une sieste confortable.

- Le chien vous intimide ? Voulez vous que je le fasse sortir ?
Je peux vous assurer qu’il est parfaitement bien élevé et a déjà pris son repas ce matin…

Le sourire s’étire franchement amusé cette fois, tandis qu’elle s’installe plus avant dans la profondeur moelleuse du canapé. Un regard rêveur par la fenêtre parcourt l’allée dont le vent fait voler une nuée automnale, avant de revenir à ses visiteurs.

- Oui. C’est la fierté de notre famille. Et nous y sommes attachés depuis si longtemps. C’est un de mes ancêtres qui a choisi de s’installer ici. Dès 1751. Les Rowland y vivent depuis presque 3 siècles.

Tiquant légèrement à l’indiscrétion de la question, une légère hésitation, puis poursuit par la réponse qui ne révèle rien de plus que ce que tous les habitants de souche de l’île connaissent déjà.

- Rowland House n’est plus la fourmilière de ses grandes années Monsieur Hanson. On y vit simplement. La plupart des cultures ont été délaissées, juste le nécessaire au besoin de ses habitants et de ses animaux et voilà bien longtemps que le moulin de mon aïeul n’a plus vu un seul grain. Il fait juste partie du paysage. Nos métayers, Georges et Dinah Hampton veillent à l’entretien du domaine et ici à la maison il n’y a que ma grande tante et moi-même.

Puis je vous proposer une tasse de thé ? Une boisson ?

S’adressant plus particulièrement à la femme restée silencieuse.

- Vous pourriez m’exposer alors… les motifs de votre visite ?
Je suppose qu’il ne s’agit pas seulement de me transmettre vos condoléances ?
Un courrier aurait suffit n’est ce pas ?

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*A l'installation dans le salon et à la question sur le chien, la visiteuse s'éveille de son mutisme, tendant une main caressante et un sourire franc vers le chien. *

Non non, laissez, j'adore les animaux; même si Warren y est moins habitué...Son côté indécrottable citadin sans doute.

*Le sourire, plus narquois après la petite pique à son collègue, se relève vers Sarah.*

Je prendrais volontiers un thé oui.

Quant à la raison de notre visite sur place...

*L'homme enchaîne aussitôt.*

Eh bien pour être tout à fait franc Miss, nous représentons une société spécialisée dans la gestion de vastes propriétés à forte valeurs historiques. Et comme la tenue d'un domaine tel que Rowland House doit être un véritable fardeau pour une jeune femme active telle que vous, nous sommes venus vous proposer nos services. Le domaine sera bien sûr parfaitement préservé, nous ne sommes pas de ces spéculateurs véreux qui s'amusent à raser des hectares entiers pour faire d'hideuses barres d'immeubles. Mais cela vous ôterait un poids considérable de gestion, sans parler des impôts qui vous enlèveront la peau et les os rien que pour la taxe foncière, après vous avoir déjà dépossédée via l'impôt sur les successions. Même s'il vous reste de l'argent après tout cela, les frais d'entretien d'une maison comme celle-là...Jesus ! Si Job avait vécu à notre époque, il n'aurait même pas eu de quoi se payer ses tessons avec ce que nous prend l'Etat !

Tandis que les fonds dont nous disposons permettent un entretien impeccable des propriétés dont nous avons la charge, et avec ce que nous vous proposerons pour cela, vous aurez de quoi vivre tranquillement sur un petit coin de paradis !

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Elle avait donc une voix ? La jeune femme s’exprimait enfin, assurait sa sympathie au cerbère ancillaire qui ne daigna pas se lever pour répondre à son invitation. Ha ! Cette réserve irlandaise… On observe, on se méfie…le reste… viendra plus tard, grondement et crocs découverts d’avertissement ou manifestations de sympathie plus ou moins retenues. On verra. A la pique pour l’homme des villes,( oui… çà c’était même pas utile de le préciser, il respirait, empestait ? le citadin à 3 lieues malgré son odeur proprette et son after shave à la mode), la jeune femme retient le rire qui la démange, pas antipathique cette jeune femme…
Le Sieur en question lui coupe fort civilement la parole pour exposer enfin, le motif de la visite. Sarah sur le point d’aller d’aller chercher le thé qu’elle a offert sort du mode « confort » dans son canapé, le buste s’incline vers le visiteur, attentive, tout soupçon de sourire disparaît peu à peu, au fil de son exposé, les mains fines et soignées viennent s’accrocher de part et d’autres des longues jambes sur le rebord du canapé.

« Pour être tout à fait franc »… intéressante entrée en matière pour une visite qui se veut courtoise. Lorsqu’au fil des phrases débitées le but de la visite se fait jour, la jeune femme se redresse sur le bord du canapé, semble grandir, écoute en silence, ne laissant rien paraître de ce qui commence à gronder. Curieusement le chien lève la tête, semblant sortir de sa simili sieste, regarde sa maîtresse puis fixe intensément le beau parleur. Dans la pièce du fond, certainement la cuisine, on peut entendre le tintement d’une vaisselle posée sur un plateau et le sifflement d’une bouilloire. Visiblement l’heure du thé s’annonçait déjà tandis que l’offre finit de se décliner. Un petit sourire en coin paraît, un regard vers la jeune femme au tailleur strict avant un léger hochement de tête, Sarah se lève :

- Nous nous préparions à prendre le thé avec ma tante. Il doit être prêt.
Je vous rajoute une tasse Miss Cameron.

Sarah, passe la double porte de la salle à manger, d’un geste signifiant au chien de ne pas suivre (était-ce utile ?), le bruit de pas décidés continue vers la cuisine, une rapide conversation dont on ne saisit pas la teneur, revenant un plateau dans les mains, accompagnée d’une dame alerte malgré la chevelure neigeuse, au regard bleu gris particulièrement vif qui se rive sur les visiteurs, échange rapidement avec les yeux d’ambre de sa petite nièce un coup d’œil complice.

- Je vous présente ma grand-tante, Kim Rowland.
Kimmy voici Sarah Cameron et … monsieur… Hanson ?
Monsieur Hanson, enfin, la société qu’il représente, propose de nous « décharger » de la gestion de Rowland House. Apparemment ils seraient spécialisés dans la gestion des demeures historiques.

Kim s’approche, par-dessus la table sacrifie à l’usuel shaking hand, avec fermeté et un regard glacial avant de s’asseoir sur le canapé, regardant la jeune femme servir le thé noir brûlant dans la fine porcelaine, poser la tasse devant la visiteuse, gardant un silence qui en dit long. Sarah reprend la parole.

- Votre société ? Comment s’appelle t’elle ? Vous avez omis de le préciser Monsieur Hanson.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Elle pousse le pichet de lait froid et le sucrier vers sa visiteuse, l’assiette de scones aux myrtilles visiblement « maison », sourit en se rasseyant près de la tante, sa main va presser un instant le bras de la vieille dame avant de saisir sa tasse.

- Gérez vous déjà d’autres propriétés de Long Island ? Quelle est votre expérience, quelles sont vos références en la matière ?

Prenant le temps d’une gorgée de thé fumant, noir et fortement aromatique avant de reposer sa tasse et de poursuivre avec un sourire :

- En ce qui concerne Rowland House, même si je suis, je vous le concède, en toute… « franchise », bien jeune, et pour cause, en la matière, une expérience de 3 siècles, 13 générations de Rowland, et une famille qui n’a jamais manqué ni aux siens, ni au domaine, dont ma tante ici présente, sont mes appuis au quotidien et vous ? Quels sont vos moyens ? Que nous proposez vous concrètement ?

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*L'agent est un quelque peu déconcerté par la réaction de la jeune femme, par cet échange de mondanité, ce rituel si bien réglé et policé de thé et de pâtisserie dont il semble naturellement et tacitement exclu, comme pour mieux lui faire sentir la froideur de l'accueil réservée à sa tentative. Il se resaisit néanmoins, et répond de toute sa professionnelle assurance, tendant à son hôtesse une carte de papier bristol rigide blanc cassé. *

Citation :: Buy & Beautify, Long Island.
2447 Montauk Hwy
Long Island
Bridgehampton
Tél.: (9) 145 379 7202
Fax: (9) 206 731 2482
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Warren G. Hanson
Tel. 11 435 543 654
Warren.Hanson@B&B.us

C'est vrai, je n'avais pas mentionné le nom de ma société : il s'agit de Buy & Beautify, fondée en 2009 et dotée d'une solide expérience en matière d'achat, de location et d'aménagement de demeures, surtout anciennes. Répartis dans de nombreux Etats des Etats-Unis, nous avons remporté avec succès de nombreux appels d'offres et nous occupons de plusieurs bâtiments anciens et prestigieux, auxquels nous permettons de garder, voire de retrouver tout le lustre de leur temps glorieux. La fameuse Mercer House, de Savannah, est dans notre portefeuille. Nous sommes co-propriétaire du Chrysler Building à New-York depuis son rachat et sa rénovation en 2027. Plus récemment, nous avons acquis à Boston le Bedford Building qui tombait en ruine depuis déjà des années. Nous avons également acheté, rénové puis revendu nombre de demeures de particuliers, quand nous ne nous en sommes pas simplement occupés comme gérant. Nous avons acquis la demeure de Boston des Kerry, qui ne pouvaient plus s'en occuper. Plus localement, nous gérons une demeure géorgienne de Long Island possédée par les McCain, à Sag Harbor. Nous avons aussi acheté et embelli plusieurs propriétés d'origines neerlandaise sur toute l'île, plus particulièrement à Southampton.

Nos moyens sont donc tout à fait importants : nos fonds sont considérables, et nous disposons de partenaires dans le cas des projets les plus ambitieux, comme l'a été le Chrysler Building. Nous disposons d'architectes spécialisées en toutes sortes de domaines, avec lesquels nous avons l'habitude de travailler et dont les compétences ne peuvent pas être mises en doute.

Concrètement, nous vous proposons donc de nous occuper de Rowland House. Soit en la rachetant à un prix tout à fait raisonnable, même supérieur à sa valeur réelle, pour ensuite la remettre entièrement en état et la vendre à des gens fortunés et soucieux de préserver une demeure aussi vieille et noble que celle-ci dans l'état originel qui fait toute son identité; soit en la prenant en gestion, c'est-à-dire que nous nous occuperions entièrement de l'entretien, et nous la louerons à des personnes intéressés et de bonnes moralités bien évidemment. Dans ce cas, vous recevrez un loyer que je peux vous promettre considérable, nous-même prélevant un pourcentage permettant d'assurer les travaux nécessaires.

*L'homme s'arrête, fier de toute sa superbe recouvrée par le discours. De derrière sa tasse de thé, Cameron sourit discrètement, sans qu'on puisse dire si c'est de dérision ou pour simplement saluer une performance bien rôdée et moult fois entendue. Elle se concentre -innocemment- sur une part de gâteau pendant qu'Hanson fait face à Sarah Rowland.*

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Le bristol élégant surgit, se tend, la main de la jeune femme s’approche, du bout des doigts déliés s’en saisit, y jette un œil rapide comme pour s’assurer de la correspondance entre le ramage et le plumage de celui qui semble reprendre subitement contenance. Un coup d’œil à la tante, le bristol se pose sur la table devant elles, d’un geste d’une négligence étudiée, en ramène la tasse de thé avant de se focaliser sur l’exposé de Hanson.

Elle écoute, son visage ne trahissant aucune émotion, l’ambre du regard attentif rivé sur son interlocuteur, observant le commercial accomplir sa performance, ponctuant simplement le monologue de petits hochements de tête aux références flatteuses qu’il énonce,à l’étalage impressionnant des performances de la Buy and Beautiful.

- Voilà de magnifiques références, Monsieur Hanson.

Un coup d’œil rapide vers Sarah Cameron captant le sourire derrière la tasse, déclenche un instant l’ombre du sien tandis qu’elle-même repose sa tasse sur la table basse.

- J’ai effectivement remarqué et apprécié la qualité des restaurations entreprises sur l’ile. Admirable. Du très bel ouvrage.

Un léger silence, lissant une mèche folle qu’elle glisse sagement derrière son oreille. Puis sa main gauche va d’un geste affectueux chercher celle de la vieille dame à ses côtés, qui s’empresse d’y lier ses doigts noueux fermement, la communion entre les deux Rowland presque perceptible. Dans les yeux bleus gris et le regard de la petite nièce rivés sur le visiteur, la même fierté, le même caractère d’acier trempé subitement mis à jour. La voix avec laquelle elle reprend, de légèrement amusée se fait peu à peu plus tranchante, au fil de sa réponse.

- J’ai bien peur… que vous n’ayez pas compris ce qu’est Rowland House, Monsieur Hanson. Ce que cette demeure représente pour moi, pour ma famille. Voilà… plus de trois siècles que les Rowland ont bâti ici. Nous avons embelli, agrandi, défendu, entretenu et maintenu cette propriété… et nous y vivons. Votre proposition pourrait en allécher beaucoup. Très certainement.

Pourtant nous allons la décliner. Et sans aucune hésitation. Elle ne nous intéresse pas.

Au discours de Sarah la tante laisse échapper un petit soupir, comme si elle avait retenu son souffle jusque là, sortant enfin de son mutisme :

- Vous avez bien entendu Monsieur Hanson.
Nous n’avons pas besoin de vos services… et encore moins de céder Rowland House à des mains étrangères.

Un petit sourire en coin étire les lèvres amincies par l’âge, un coup d’œil à sa nièce. On y lit une fierté aussi évidente que leur attachement.

- Nous avons toujours vécu ici et personne ne connaît mieux la propriété que cette jeune femme ici présente et nul ne saurait lui ravir Rowland House. Un avenir brillant l’attend, Sarah est un nez exceptionnel, tous les espoirs lui sont permis, les meilleurs parfumeurs s’arracheront bientôt ses créations. Nous nous passerons parfaitement de vos services.

Sarah réprime un rire, sourit à sa tante, pressant sa main dans la sienne avant de s’en détacher, esquissant un geste qu’elle n’achève pas vers la théière fumante, mettant un terme à la conversation.

- Une autre tasse de thé Miss Cameron avant que nous vous raccompagnions ?

Le cerbère resté si tranquille se lève, baille, étire son immense carcasse et après un coup d’œil à la maîtresse se dirige d’un pas nonchalant vers le hall où il s’assoit près de la porte, guettant le dos des visiteurs, attendant visiblement lui aussi avec à peine plus d’impatience que les Rowland leur départ annoncé.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

L'agent encaisse le refus, affichant un sourire de circonstance.

"Oui, je comprend parfaitement. Et bien, au moins j'aurais essayé ! Je vous souhaite de vous en sortir dans cette maison. Bonne chance et si jamais vous changez d'avis vous avez ma carte !"

L'homme se lève, reprend son chapeau, sort rapidement après avoir tendu sa main aux maîtresses des lieux (et non sans avoir avoir jeté un dernier coup d'oeil en coin à la bête à côté de laquelle il se trouve obligé de passer, comme pour s'assurer qu'elle ne s'apprête pas à le mordre).

Cameron, toujours souriante, lui emboîte le pas, en glissant sa propre carte (identique en tout point à celle de Hanson, le nom excepté) au moment de serrer la main de Sarah.

Bientôt, les deux visiteurs ne sont plus qu'une image de carriole reprenant la route sous les arbres.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

La carriole passe les piliers qui encadre l'entrée de l'allée, tourne à droite sur la route, prenant rapidement la direction de New Haven. Le chien qui trottinait parallèlement à la calèche brinquebalante s'arrête, s'assoit un moment, comme pour bien s'assurer du départ des visiteurs puis disparaît dans les joncs vers la plage.
Derrière la fenêtre du salon nièce et tante observe le départ des curieux visiteurs, silencieuses, la main amaigrie par les ans posée sur la jeune épaule.

- Et bien... Nous voilà débarrassées.

Elle se regardent, complices, leurs rires en écho jaillissent.

- Culann n'avait pas l'air d'apprécier ce ronflant jeune loup...
- Non ! Je crois qu'il en aurait volontiers gouté un morceau s'il n'avait cesser de s'agiter de la sorte. Enfin! Voilà chose faite et ce vautour reparti. Buy and Beautiful... tu connaissais Kimmy?
- Non... Je savais qu'une société avait racheté les vieilles maisons du centre, et que les McCain avaient vendu. Sans plus. Ils ont l'air d'avoir des moyens impressionnants.
- Oui en effet. Et quelle arrogance. Enfin, il n'a pas insisté. Je pense qu'il a compris. Sa collègue avait l'air amusée de le voir se heurter à notre mur de résistance mais pas vraiment surprise.

Elle fronce un sourcil, songeuse, allant ramasser la carte de visite qu'elle a laissé sur la table basse, la relit.

- Je vais quand même garder ceci. En parler à mon banquier d'oncle. Je préfère me renseigner quand même, et qu'il soit au courant de la visite et de son motif.Je n'aime pas ce genre de visiteurs...

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Quelques jours sont passés depuis cette visite. Jour calme passé dans l'entretien de la maison, les promenades côtières et discussion avec la vieille tante trop peu vue quand Sarah était en France et ailleurs dans le monde pour ses études et son travail.

Un jour, Sarah reçoit un mail sur sa boite professionnelle.

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : Sarah Rowland.
Date : 25/10/2044
Objet : Nez.

Madame,

M. Rossin, de chez Fragonard [HRP/ personne que tu connais en effet de ton séjourà Grasses/HRP], m'a parlé de vous alors que je lui faisais part de mon envie de commander un parfum personnel, entièrement original, fait sur mesure. Je me demandais donc si vous accepteriez de vous investir dans ce genre de projet.

Très cordialement,

William Van Hunburg.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 25/10/2044
Objet : Création.

Bonjour Monsieur Van Hunburg.

C’est avec plaisir que je me pencherai sur votre projet.
Pouvez vous m’en dire un peu plus sur ce que vous souhaitez.
Qu’entendez vous par personnel ? Sera-t-il réservé à votre usage exclusif où souhaitez vous avoir la possibilité de le diffuser par la suite et d’avoir la propriété de sa formule ?

Le cahier des charges et les termes qui nous lieront pour cette création seront alors tout à fait différents.

J’ai eu le privilège et la joie de travailler quelque temps auprès de Monsieur Rossin au sein de sa prestigieuse maison de Grasse lors de mes séjours en France. Si vous avez apprécié la qualité et l’authenticité de ses parfums et qu’il me recommande je pense que nous aurons matière et plaisir à travailler ensemble.

Je suis actuellement à Long Island aux Etats-Unis pour affaires de famille, où vous trouvez vous ?

Dans l’attente de vos précisions.

Bien cordialement.

Sarah H. Rowland.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Citation :: De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 25/10/2044
Objet : Création.

Bonjour Monsieur Van Hunburg.

C’est avec plaisir que je me pencherai sur votre projet.
Pouvez vous m’en dire un peu plus sur ce que vous souhaitez.
Qu’entendez vous par personnel ? Sera-t-il réservé à votre usage exclusif où souhaitez vous avoir la possibilité de le diffuser par la suite et d’avoir la propriété de sa formule ?

Le cahier des charges et les termes qui nous lieront pour cette création seront alors tout à fait différents.

J’ai eu le privilège et la joie de travailler quelque temps auprès de Monsieur Rossin au sein de sa prestigieuse maison de Grasse lors de mes séjours en France. Si vous avez apprécié la qualité et l’authenticité de ses parfums et qu’il me recommande je pense que nous aurons matière et plaisir à travailler ensemble.

Je suis actuellement à Long Island aux Etats-Unis pour affaires de famille, où vous trouvez vous ?

Dans l’attente de vos précisions.

Bien cordialement.

Sarah H. Rowland.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 26/10/2044
Objet : Re: création.

Bonjour,

Ravi de voir que vous êtes réceptives à ma demande. Par personnel, j'entends un parfum que je serais le seul à porter, à mon usage exclusif. Quelque chose de vraiment unique. Je réside à New Haven, Connecticut, donc non loin de là où vous vous trouvez. Si êtes d'accord pour travailler sur ce projet, je suppose qu'il serait bon de nous rencontrer. Que diriez-vous de venir à New Haven ? Evidemment, tous vos frais seront payés. A moins que vous ne préfériez que je me déplace ?

Très cordialement,

William Van Hunburg.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Citation :: De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 26/10/2044
Objet : Création.

Envoyez moi une voiture au port me chercher à l’arrivée du bac, je me déplacerai volontiers.
Prévenez moi simplement un peu à l’avance du jour et de l’heure du rendez vous souhaité, j’ai du temps disponible en ce moment. Vous pouvez me joindre sur mon interface à ce numéro.

Dans l’attente de notre rencontre.
Cordialement.
Sarah H. Rowland.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 27/10/2044
Objet : Re: Re : création.

Bonjour,

Que diriez-vous d'après-demain 29 octobre ? Je pourrais venir vous prendre au ferry de 11h si cela vous va.

Très cordialement,

William Van Hunburg.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Citation :: De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 27/10/2044
Objet : Re: Re: Re : création.

Ca me convient tout à fait.
C'est parfait !
11H devant l'arrivée du ferry, je vous attendrais devant le kiosque d'accueil.

A très bientôt.

Sarah H. Rowland.

===============================================

Que diriez-vous d'après-demain 29 octobre ? Je pourrais venir vous prendre au ferry de 11h si cela vous va.

Très cordialement,

William Van Hunburg.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Le ferry de Port-Jefferson était un hybride moteur et voile appartenant à la première génération de ce type de machine, celle du renouveau de la voile de la décennie 2010. La peinture commençait à s'écailler, la rouille apparaissait par endroit à l'intérieur, mais le navire restait imposant et efficace. Hormis un retard de vingt minute au départ dû à un problème technique (la compagnie s'excusait de ce retard exceptionnel -qui était tout ce qu'il y avait de plus fréquent pour les habitués du trajet-), rien ne vint perturber la traversée. Le nez sensible de Sarah put frétiller aux senteurs du port charriant algues et iode et embruns d'octobre, qui lui rafraichirent le visage sur le pont.

A la descente sur New Haven, à côté de la marina, elle aperçut ,dans la masse disparates des oncles, épouses, époux, pères, mères et autre grand-mères venus accueillir leur parentèle, un homme d'une trentaine d'année, cheveux châtains mi-longs, visage imberbe et port avenant. Il était vêtu d'un costume beige sans cravate et d'un trenchcoat le protégeant de l'humidité côtière. A sa main droite, un panneau, et sur ce panneau, une inscription : "SARAH ROWLAND".*

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

- Youhouuuu ! J’ai un client Kimmy ! J’ai rendez vous jeudi avec lui à New Haven !

La jeune femme avait déboulé comme un jeune chien fou dans le salon, attrapant la vieille dame par le cou, sautillant avec elle une danse du scalp, lui exposant avec fièvre son futur rendez vous ! Son premier vrai client ! Certes elle avait déjà travaillé, créé, mais toujours sous la coupe d’un maître d’aprentissage, dans le cadre de ses études en France mais là !Celui là ! Il était à elle ! Tout à elle !

Alors elles avaient ri ensemble de la joie et de l’impatience du jeune nez déjà tout frétillant, la vieille dame avait certes un peu grogner à l’idée de ce rendez vous en « terra incognita », la proximité de ses quartiers mal famés, avec un inconnu en plus ! Mais bon…48H était passé et l’oiseau prodige avait pris ses ailes et son petit attaché case et dans une voiture de louage pour préserver sa mise filé vers le port tôt le matin.

Le ferry était bondé, comme prévu, en retard comme toujours, mais c’était si bon de retrouver le vent marin et ce roulis qu’elle aimait tant ! Il faudrait ressortir le voilier ! Elle prenait conscience de combien tout cela lui avait manqué ces dernières années passées à étudier et à courir le monde. Haaaa ! Que c’était bon ! Le nez humant les embruns, malgré la fraîcheur de la matinée d’octobre, le beau temps lui avait permis de faire presque toute la traversée sur le pont. Fermant le manteau de laine naturelle qui cachait un élégant tailleur bleu marine, remontant son col, le vent avait bien un peu désordonné la coiffure qui avait tenté de donner à la chevelure rétive une allure plus chic mais bon…elle n’avait pas perdu une miette de la traversée, trépignant à l’approche de la Marina, se repaissant de cette vision de la côte qu’elle redécouvrait.

Arrangeant distraitement les petites mèches folles qui volètent autour de son visage, les yeux d’ambre scrutent la foule à la sortie du quai, capte rapidement l’homme qui semble attendre lui aussi, le panneau à sa main levant la dernière interrogation. La jeune femme respire encore un grand coup l’air marin, note la légère souillure d’hydrocarbure, et plissant le nez descend la passerelle d’un pas sûr, se dirigeant rapidement vers celui qui est venu la chercher.

- Monsieur Van Hanburg ?
Bonjour ! Je suis Sarah Rowland .
J’espère que vous ne m’attendez pas depuis trop longtemps ! Ce ferry est si souvent retardé !
Comment allez vous ?

La main déliée se tend, le sourire s’étire, fait briller les yeux vifs tandis qu’elle se présente à lui.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

A son approche, l'homme présente un sourire chaleureux, tendant une main franche et la note de coeur poivré du parfum qu'il exhale.

Enchanté Mlle Rowland, non non, il n'y a aucun souci. Je vais bien merci, et vous ? Vous avez fait bon voyage ? Ma voiture est garée non loin, suivez-moi.

Et son hôte de la guider au parking, tout en discutant, pour la faire monter dans une belle, récente et puissante voiture électrique au rouge métallique éclatant. Il la conduit ensuite à travers les rues de la ville. Ils laissent derrière eux la marina et ses innombrables bateaux de plaisance; le bord de mer et ses enfilades de casinos et d'hôtel de luxe, ses étals de marchands ambulants; abordent brièvement une ville vieillissante, présentant demeure particulière, vieux immeubles d'époques, bâtiments en stucks, à colonnades ou aux murs de verres et aux lumières de couleurs. Bientôt, ils montent la colline, vers un espace vert parsemé de luxueuses villas.

C'est la première fois que vous venez à New Haven Mlle Rowland ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

L’espace de trois battements de cils, une franche poignée de main et un tressaillement de narine plus tard, la première impression se confirme, rapidement assise à la vision du rutilant véhicule qui les attend. Dans la jeune tête le nez est à l’œuvre, instinctivement l’analyse se poursuit, poivre des Indes, naturel, pas de la synthèse là, épicé, sensuel et fort, on devine le cèdre qui arrive en fond boisé énergique et masculin malgré les effluves d’hydrocarbures et les relents de marée. Moderne et affirmé, pour un homme ouvert aux associations fortes et élégantes. Elle sourit, se laisse guider, grimpant dans le véhicule flambant neuf qui s’éloigne rapidement du port.

L’odeur du cuir neuf des sièges masquerait presque celle du parfum, l’esprit vagabonde furtivement, un petit tressaillement au coin des lèvres ourlées tandis que lui revient cette blague un peu potache d’un étudiant parfumeur français à propos de l’odeur des cuirs. « Sarah ? Tu sais pourquoi les hommes craquent pour les femmes en robe de cuir ? Hmmmmmm ? Parce qu’elles sentent la voiture neuve ! ». La jeune femme chasse la pensée parasite, avant de pouffer d’un rire qui serait fâcheux au moment présent, se concentrant sur le paysage qui défile et l’aimable conversation du conducteur.

- Non ! Mais cela fait longtemps ! Des années ...

Une pause élargit son sourire amusé.

La dernière fois j’étais venu avec mon père, et je n’étais pas bien grande, il m’avait amenée lors d’une de ses visites à un client et ami là haut !

Pointant du doigt la luxueuse colline, vers laquelle ils se dirigent et bientôt s’engagent. A la sortie du vieux centre hétéroclite et grouillant, la vision était pour le moins… étonnante.

- Etes vous originaire de la région Monsieur Van Hunburg ?
Habitez vous New Haven ?

Elle se tourne légèrement vers lui, détaille un très bref instant le profil masculin, les mains soignées qui pilotent le bolide sur la route sinueuse entamant l'ascension de la colline.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*L'examen révèle un profil finement dessiné, une peau ni juvéniles ni marqués par les rides, une peau de jeune homme qui t'entretient. Visage détendu, yeux paisibles regardant droit devant lui, plein de la nonchalance de celui qui fait un chemin connu par coeur au volant d'un engin qu'il connait tout autant, William Van Hunburg les fait monter à vitesse raisonnable sur la colline. Un léger rire l'agite à la question de ses origines.*

Oui, on peut dire que je suis originaire de la région, oui. J'habite New Haven, à l'instar de mes aieux depuis leur installation ici voici trois siècles. Ma tante est le maire de la ville d'ailleurs. Les Van Hunburg et New Haven, c'est une longue histoire. Mais nous arrivons...

*Et en effet un tournant boisé les fait déboucher sur un portail ouvragé qui, s'ouvrant automatiquement, donne sur une route conduisant à un garage, à côté d'une vaste, luxueuse et très récente maison en bois blanc, avec ses vastes baies vitrées et son toit tapissé de panneaux solaires. L'hôte conduit son invitée dans une pièce à deux niveaux (salon/salle-à-manger), meublée dans sa partie inférieure par un immense sofa, une table basse en verre, plusieurs chaises et fauteuils. La large vue donne sur le jardin, la colline, le port, et au-delà la mer. Von Hunburg entreprend de se faire sommelier, tout en continuant la discussion. *

Et Rowland...C'est un nom bien ancrée dans la région non ? Vieille famille également si je ne m'abuse ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Le léger rire de la jeune femme fait écho au sien et à la réponse à sa curiosité…

- Hum… Je vois, en effet ! Votre nom avait une consonance familière à mon oreille, je pense savoir pourquoi maintenant ! Sans doute ai-je entendu mon père le prononcer, et figure t’il en bonne place dans les registres d’échanges de l’établissement bancaire fondé par notre famille, pionniers parmi les pionniers, où dans les petits papiers de mes ancêtres.

La conversation se perd alors qu’ils arrivent à destination. Sarah observe silencieusement la grille qui leur ouvre passage, leur arrivée au garage de la luxueuse et moderne demeure. L’œil avisé s’aiguise, ne perd pas une miette de l’atmosphère lumineuse alors qu’ils pénètrent dans la maison, qu’il la guide vers le séjour.

D’un geste élégant elle pose sa mallette, se défait de son manteau, déboutonne la veste du tailleur cintré sur la chemise soyeuse de la même couleur que les reflets d’ambre de ses yeux. Elle pose le manteau sur le dossier du fauteuil près de la baie dont elle s’approche, reprenant le fil de leur conversation alors qu’elle contemple la vue.

- Nos Pères sont arrivés ici à la même période alors. D’Irlande et Ecosse pour les miens. Leur premier fils né américain s’est établi et a bâti notre maison à Long Island dès 1751.

La jeune femme se retourne vers le sommelier improvisé, revenant vers lui à pas lents, lui sourit.

- L’endroit est magnifique…quelle vue admirable ! Vous devez vous plaire ici ! Vous y vivez ?

Son nez se fronce légèrement, dans une moue amusante alors qu’elle reprend, un sourire en guise d’excuse.

- Pardonnez moi si mes questions, remarques sont un peu… indiscrètes. C’est juste que je m’imprègne de votre environnement, cela m’aide dans ma création. Il est bien sûr évident que tout ce que vous me confirez sur vos souhaits, goûts et autres considérations est tout à fait confidentiel.