-------- Commencement ? ----------

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Lorsqu'elle déboutonna son tailleur, Sarah, grâce à ses sens aiguisés -et une certaine habitude-, remarqua le furtif et rapide regard appréciateur lancé par son hôte (de ces regards, bien anodins en somme, que les hommes lancent souvent aux jolies femmes, de ces regards qui se veulent discrets et ne le sont pas toujours).
A son retour de la véranda, il lui tendit -en même temps qu'il lui rendit son sourire- un verre de vin californien, excellent, rare (et par conséquent fort coûteux). *

J'ai déjà vu pire en terme d'indiscrétion...

Oui, je vis ici. La demeure familiale appartient à ma tante. Je ne suis qu'une modeste branche cadette vous savez...

*Réprimant son ironie, il embrassa la pièce du regard.*

J'ai acheté cette maison en prévision de mon mariage. Je voulais un endroit confortable pour fonder une famille. Je n'ai pas eu de famille, mais j'ai toujours l'endroit ! Et je dois dire que je n'ai pas à me plaindre. Il me convient parfaitement...

Et je suis ravi de répondre à vos questions, il n'y a aucun souci. Si cela peut vous aider à me confectionner un parfum parfait, je serais bien bête de ne pas vous satisfaire.

Mais vous, vous êtes un Nez récent c'est cela ? Vous revenez tout juste de France ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Sarah note du coin de l’œil l'observation masculine appréciatrice mais discrète, d’un geste aussi féminin qu’instinctif d’un mouvement de tête rejette cette mèche rebelle échappée d’une coiffure qui se voulait sage mais ne maintien jamais bien longtemps la chevelure soyeuse éprise de liberté.
Un léger sourire à l’évocation des cadets, sans ironie cependant, qui se dissipe à la révélation du mariage envolé.
- Ho… Désolée.
Regardant plus attentivement l’endroit, la décoration d’un goût parfait, luxueuse sans être ostentatoire comme dans ces maisons de nouveaux riches qu’elle avait visitées. L’argent, l’éducation aux belles choses étaient de toute évidence ici acquise depuis longtemps, et son hôte et futur client semblait l’apprécier. La chose se présentait plutôt bien.
- Il faudrait en effet être bien difficile pour ne pas se plaire ici.
Le sourire revient avec le verre qu’il lui tend. Du vin, du vrai vin, avec un vrai bouchon en liège qui fait ce joli « plop » lorsqu’on le libère. Pas un de ces affreux trucs chimique à la mode avec un bouchon synthétique et une couleur artificielle. Non … Du vin. Le vin. Art désuet et pourtant si riche et agréable lorsqu’on y est initié. Elle l’avait découvert en France. Une révélation… Pour une gourmande au nez insatiable et fureteur. De toute évidence celui-ci était de grande qualité.
-J’aurais beaucoup de questions indiscrètes alors…un petit sourire, amusé, pour me permettre de cerner au mieux ce que vous attendez de cette création.
Avec son verre elle fait quelques pas, allant se poser dans cet immense canapé, attrapant au passage la petite mallette qu’elle dépose à ses pieds.
- Oui… effectivement, je suis revenue de France il y a peu, un peu plus précipitamment que prévu. L’accident où mes parents ont perdu la vie au printemps.
Une légère pause presque imperceptible le temps de maîtriser l’émotion lancinante qui ne doit pas déborder et la voix modulée reprend.
- Mes études étaient terminées mais j’étais sur place pour parfaire mes connaissances et visiter quelques producteurs d’essences et parfumeurs en Europe. Ils sont toujours et de loin les meilleurs en matière d’essences et de produits naturels. J’essaye de toujours privilégier les matières véritables lorsque c’est possible. Elles ont toujours une dimension que le synthétique ne possède pas toujours même si leur prix atteint souvent des sommes exorbitantes...
Je suis un « nez » récent donc en effet, enfin… même si pour ma part j’ai l’impression d’être née avec, qu’il m’a toujours accompagné !
Un léger rire, le bout de ses doigts inconsciemment se portant à l’appendice en question, comme pour s’assurer de sa présence. Elle poursuit :
- J’ai déjà une dizaine de créations à mon actif au niveau professionnel, bien plus au niveau personnel, mais… elles ont été faites pendant mes études, et sont donc nées sous le nom de mes maîtres parfumeurs et de marques commerciales bien connues. Et je suis bien entendu liée par contrat et tenue au secret total comme nous le comprendrez. Avec Monsieur Rossin entre autre, qui vous a transmis mes coordonnées avec qui j’ai beaucoup apprécié de travailler.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Son hôte, assis à côté d'elle dans le canapé, déguste son vin à petite gorgée et l'écoute attentivement, souriant quand il faut, se faisant plus grave lorsqu'elle évoque ses parents.

Je suis désolé pour...l'accident. J'en ai entendu parler en effet. Toutes mes condoléances. Ça a du être terrible. Revenir dans ces circonstances...
Mais je suis maladroit, je ne veux pas vous faire revenir sur ces affreux évènements ! Désirez-vous que je vous fasse faire le tour du propriétaire ?

Et...je ne sais guère comment cela se passe pour créer un parfum. Je suis donc à votre entière disposition !

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

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Un léger sourire de circonstance à ses excuses, puis semblant se détendre à la proposition de visite, le nez fureteur se détache de l’analyse machinale des arômes boisés fruités qui montent du verre de vin, les lèvres finissent par y plonger pour une petite gorgée du liquide à la belle couleur dorée. Un sourcil se creuse, émoustillé :

- J’ai goûté des millésimes français moins bons. Nos Californiens ont bien appris leur œnologie. Le terroir est propice et les résultats sont là. Somptueux !

Le sourire s’étire, franc alors qu’elle repose son verre doucement, la main fine glisse vers sa sacoche, en ressort un petit carnet qu’elle ouvre sur une page blanche et son stylo puis se levant :

- Je ferais volontiers le tour du propriétaire en effet. Pendant que vous me racontez ce que vous attendez de cette création. Avez-vous déjà une idée de ce que vous souhaitez ? De son usage ? Est- ce que vous souhaitez un parfum de jour, qui vous accompagne facilement en toute circonstance ou… quelque chose de plus capiteux peut être ? Pour des occasions particulières ? Il sera unique, fait pour vous, quel thème souhaitez vous y trouver ? Y a-t-il des essences que vous aimez particulièrement ? Les épices peut être? Comme dans celui que vous portez ? Je pourrais vous en proposer aussi deux versions, une légère, plutôt eau de toilette et une autre plus concentrée en essences, plus affirmée, pour le soir par exemple, qui laisserait un sillage plus persistant.

Elle s’interrompt, vient chercher son regard, l’amusement s’affiche dans le sourire.

- Je suis très volubile… lorsqu’il s’agit de parfum. N’hésitez pas à m’interrompre, à m’interroger si un terme ou un concept ne vous est pas familier !

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

Eh bien...Je ne m'y connais pas parfaitement en parfum mais...quelque chose d'assez frais qui pourrait m'accompagner aisément, et rappellerait le nord. Je suis un homme du nord, de la mer, mes ancêtre sont venus des Pays-Bas et ne se sont jamais ensuite tellement éloignés de la côte. Quelque chose de...boisé ? J'ai toujours aimé l'odeur des arbres, l'odeur "d'après-la-pluie" vous voyez ? Je ne sais pas si cela peut se sentir dans un parfum...L'idée des deux versions me plait oui. Quelque chose de plus...prononcé, capiteux pour le soir. Oui, ça serait bien. Allons donc visiter la maison.

*L'homme pose son verre et d'un geste de la main invite à le suivre pour l'exploration de sa demeure. Derrière le spacieux salon-salle à manger-cuisine américaine qui occupe une bonne moitié du rez-de-chaussée, Sarah découvre une salle d'eau tout ce qu'il y a de plus classique, dénotant seulement, encore une fois, l'aisance du maître des lieux. Le couloir mène ensuite à ce qui ressemble à une chambre d'amis/entrepôt où à côté d'un canapé-lit s'entassent cartons et valises. William commente, un peu gêné, comme pour s'excuser du désordre.

Tout n'est pas toujours très bien rangé. Ma femme n'a pas encore repris toutes ces affaires et...je n'ai pas eu à coeur d'en déballer certaines, maintenant que nous sommes...
Et puis un célibataire et l'ordre, ça ne fait pas toujours bon ménage ! Mais laissez-moi vous montrer l'étage.

Dans la constance d'une décoration claires et lumineuses, Sarah découvre : avec vue sur la mer, une chambre assez dépouillée habitée par un lit deux place, une penderie et deux tables de nuits et, principaux éléments de décoration, une marine et un arbre généalogique. A côté se trouve le bureau, avec fauteuil en cuir, armoires et tiroirs, panneau de liège aux documents punaisé; A l'arrière : une autre salle d'eaux, une chambre d'ami ne différant guère de celle principale (elle s'avère essentiellement être mieux rangé là où un désordre minimal indiquait que l'autre était utilisée); enfin une petite pièce aux teintes plus chaleureuses occupée par un canapé-lit, un fauteuil, un pouf, une petite bibliothèque au contenu moins professionnel que celui visible dans le bureau, un ordinateur, une couverture, une photo représentant le propriétaire avec quelques années de moins et un costume de hockeyeur en plus, entouré de plusieurs autres jeunes gens pareillement accoutrés. Sur un autre mur furent autrefois accrochés des trucs, Sarah peut voir les trous de punaises. Un agrandissement de comics en affiche orne la porte côté pièce.

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William annonce, avec un sourire : "Je l'appelle ma garçonnière. Ma femme l'appelait mon antre."

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Quelques notes sont rapidement griffonnées sur le papier, puis elle se suit le maître des lieux, au gré de ce qu’elle glane complétant la trame de ces prémices de recherche. Une union marine et boisée, masculine, septentrionale …Un voyage déjà pour le nez dont les rouages aiguisés sont déjà au travail, s’imprègne, analyse les informations qu’il lui donne. Celles qui tombent dans ses oreilles bien sûr mais aussi tout le reste, ce qu’ils appellent « non verbal » et qui pourtant lui parle tant.

Elle note les harmonies ambiantes, la perfection des finitions dans la décoration comme dans la distribution agréable de la maison, l’intimité de cette partie nuit intime, à l’écart des pièces à vivre. Assurément elle aurait à faire à un client avisé, et exigeant. Elle allait devoir montrer le meilleur. Un sourcil se fronce, surpris, au fouillis qu’il paraît lorsqu’il pousse la porte de la chambre où sont stockés cartons et bagages … ha bien sûr… la séparation, andouille… c’est encore frais apparemment…

- Ne vous excusez pas… Je comprends tout à fait !

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Un petit sourire assorti d’un hochement de tête lui assure sa compréhension. Malgré ses assertions, elle doute que cet homme là laisse beaucoup de place au désordre et au hasard chez lui comme dans sa vie. Le pas nonchalant qui la précède à tout de celui d’un fauve au repos, rien ne trahit le doute ou un quelconque laisser aller malgré la période agitée qu’il vient de traverser. Elle le suit à l’étage, prend le choc de la lumière vive qui déborde de la baie de plein fouet, comme l’ambiance qui se dégage de cette pièce élégante et sobre bien ordonnée où la mer par cette marine comme par la vue semble être à l’origine de tout. Instinctivement attirée vers l’arbre superbe fièrement affiché, elle ne peut s’empêcher de l’examiner un instant, suivant du regard l’entrelas des branches ancestrales avec un sourire songeur.

- Magnifique !

Rien de spécial pour la seconde chambre d’ « amis », son bureau ? Son antre ? Elle cache discrètement son sourire à la vision des vestiges des années passées exposées, à ce « comics » resté au dos d’une porte, les formes sculpturales et suggestives de la donzelle mouillée tranchant d’une manière amusante avec l’image très policée qu’il livre. Oubli ? Pas sûr… plutôt une pointe d’humour maison ? Un défi à celle qui a partagé un moment son existence ?

- Et bien… voilà une superbe demeure Monsieur Van Hunburg. Pour ma part j’ai assez d’éléments pour commencer à travailler sur votre création. Je commence à avoir quelques idées d’association intéressantes tout à fait dans la veine de ce que vous m’avez évoqué. Je pense pouvoir vous proposer une ébauche d’ici… disons une ou deux semaines ? Le temps de rassembler quelques échantillons d’essences que je souhaiterez vous proposer et de pouvoir vous les présenter.

Le pas léger sort de la pièce, s’approche de la descente de l’escalier, prête à retourner au salon, son regard attendant poliment l’acquiescement du maître des lieux.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

jet perception + empathie

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

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Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Van Hunburg l'accompagne au rez-de-chaussée et lui répondu de son plus beau sourire.*

Eh bien m'en voilà ravi. J'ai hâte de voir, ou plutôt de sentir, ce que vous pourriez bien me réserver !

*Les verres se vident, se posent et la reconduite au port se fait sans encombre. Ouverture de la portière et temps de se dire au-revoir, le sourire, et le regard, s'attardent légèrement sur Sarah.*

J'ai été enchanté de faire votre connaissance, et attend de vos nouvelles avec impatience ! Au revoir, et bon retour!

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Le temps de terminer son verre la jeune femme finit de consigner quelques notes rapides, refermant et rangeant carnet et stylo dans sa petite sacoche. Finalement, elle avait quand même glané quelques informations personnelles intéressantes sur son client. Juste ce qu’il faut ! Dur à déshabiller celui là ! Tout paraît sous contrôle et les épanchements personnels sont maigres, comme s’il était en permanence sur la défensive… Son sourire légèrement amusé répond à l’impatience qu’il exprime pourtant sur le délai de la création.

- Vous n’aurez pas à attendre très longtemps… La trame est déjà bien en place, je vous donnerai des nouvelles sous peu par mail pour convenir de notre prochain rendez vous.

Rapidement il l’avait reconduit vers les quais, et là ils avaient pris congé. « Enchanté de faire sa connaissance »… le regard appuyé d’un sourire qui sonnait juste, elle semblait avait réussi son entretien en tout cas. Le sourire de la jeune femme, franc et chaleureux, celui qui met cette petite fossette à sa joue lui répond, donne à son regard cette intensité presque dérangeante sans être pour autant agressive.

- Je vous donne nouvelles au plus tôt. Merci beaucoup de votre accueil !

Un dernier sourire avant de se retourner et d’un pas assuré elle avait rapidement passé le guichet, grimpé la passerelle du ferry qui ne tarderait plus à partir vu la foule déjà entassée sur le pont… Cette fois ci elle ferait le voyage à l’intérieur, une fenêtre du pont supérieur peut être si elle avait de la chance pour profiter quand même de sa traversée. Une petite heure… pour mettre au propre et compléter les notes rapidement couchées… la tête déjà envahie de fragrances dont machinalement elle fait l’inventaire…

Sur la petite tablette au dos du siège devant le sien elle a installé son carnet, le stylo est posé, les mains fines croisées sur le papier recouvert de ses notes, les dissimulant en partie, suffisamment pour les rendre inintéressantes au malotru qui lorgne par-dessus son épaule depuis le siège voisin. La jeune femme s’est tournée vers le hublot, pour lui présenter son verso, le regard se perd au dehors, dans les embruns qui frappent par moment le ferry. La mer s’est levée, généreusement depuis le calme du matin, comme souvent en cette période, le roulis lui est agréable, même s’il indispose le voisin qui se plaint, amenant un petit sourire moqueur sur les lèvres de la jeune femme.

Songeuse, dans les nuages salés elle revoit sa visite, repense à l’atmosphère de la maison, surtout celle de cette partie intime qu’il lui a révélée, de ces quelques révélations personnelles lâchées avec tant de parcimonie. Marine, bois, ancêtres hollandais, un peuple voyageur, le goût des forêts humides, les odeurs de pluie… Il en avait la réserve, une certaine méfiance peut être ? La moindre assertion personnelle semblait confiée du bout des lèvres. Timide ? Non…Pudique ? Ou autre chose de plus secret ?Là où d’autres auraient avec plaisir et moult détail exposé leur réussite, leur train de vie aisé, fanfaronné lui glissait, à la façon de ces navires fendant la brume, assuré d’une force presque tranquille, avec un contrôle parfait. Intéressant, même si pas facile à cerner. Il allait falloir être subtile, et pertinente mais elle avait déjà ses idées…

Boisé marin, noble en restant moderne, des essences de qualité, une perception marine de prime abord, fucus vesiculous bien sûr, léger, l’algarol est puissant, pour révéler ensuite le cœur végétal, terrien, un peu comme lorsqu’on se tient à l’ancre proche d’une côte boisée, et qu’avec le soir et l’humidité les brises thermiques s’inversent, portent peu à peu par vague successive ces odeurs d’humus, riches et boisées. Oui… c’était celà. Exactement cela… Un mariage sève de pin et de cèdre peut être un peu de santal pour arrondir… Et l’ambre. Bien sûr. Il donnerait au jus sa profondeur, sa richesse si subtile. Un accord boisé qui se révèle et monte peu à peu derrière la note océane qui prendrait alors toute sa dimension. Vu les moyens du client, l’ambre naturel pourra être utilisé, il ne rechignera pas pour le meilleur. La démonstration le convaincra certainement. Griffonne sur son carnet… « pensez à expliquer effet ambre à prochain RDV », avant de le refermer avec un sourire.

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jet création : perception + parfumerie

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

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'D10' : 6, 5, 1, 8, 10, 5, 6, 4

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Une fraîcheur d’embrun, comme un clapot joyeux qui vient émoustiller les narines, les éclabousse de ses senteurs toniques d’algues, salées, gaies et plein de fougue. Puis la terre arrive, frappe, étonne avant de s’insinuer. Cet appel d’une forêt lourde, d’humus après la pluie, pénétrant toujours d’avantage, invitant à la griserie, s’enfonçant dans un bois riche et parfumé, senteurs végétales insidieuses, qui s’exaltent peu à peu. D’abord la sève de pin, douce et piquante à la fois, craquante comme ses aiguilles. Le cèdre fuse, emboîtant son pas avec une rondeur ferme, puissamment aromatique, enchaîne, guide le nez captivé et là au cœur, l’ambre gris se surpasse, velours des fragrances décuplées, addictives, la chaleur se répand se musque, se pare d’une aura magnétique presque animale, révèle l’opulence vibration d’un santal rare, la gourmandise d’une touche de vanille.

Un long soupir s’exhale. La mouillette tombe sur les notes où les formules s’étalent, sur le bureau devant lequel elle est installée. Le regard accommode de nouveau, de la brume rêveuse la vue de la fenêtre de son bureau surgit. Une longue ondulation herbeuse, et cette mire bleue là bas, la réalité s’insinue, rattrape la jeune femme qui s’étire avec une grimace lorsqu’elle reprend pied. Combien de temps à peser, réajuster, réécrire la nouvelle formule ? Au moins deux jours qu'elle n'est pratiquement pas sortie de son antre... il fallait... communiquer avec son client, retrouver la réalité maintenant.

D’un geste vif elle se penche, ouvrant la fenêtre du jardin, laissant une bouffée d’air frisquet venir dissiper l’ambiance du parfum dont elle vient de terminer l’assemblage, le rêve s’éloigne, s’échappe par la baie ouverte. Elle laisse l’odeur de sa terre l’envahir. Comme un vaisseau fantôme sa création s’éloigne, ne laissant de souvenir qu’un sourire charmé sur les lèvres silencieuses.

- Oui… il est prêt…

Aussitôt elle écrit, les doigts tapotant le clavier rapidement. La missive envoyée dans la foulée.

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 13/11/2044
Objet : Re: Re: Re : création.

Il est prêt.
Quand pouvons nous nous voir pour que je vous le présente ?

A très bientôt.

Sarah H. Rowland.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

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'D10' : 9, 6, 4, 9, 10, 1, 6

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 13/11/2044
Objet : Re: Re: Re : création.

Quand vous voulez. Demain ? Chez moi ? Ou préférez-vous que je vienne ?

A très bientôt,

W.V.H.

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

De : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
A : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Date : 13/11/2044

Demain me convient parfaitement.

J'ai pensé qu'il vous serait peut être agréable de voir Rowland's House ?

C'est très différent de chez vous. Mais très agréable aussi.

Un Ferry arrive à 11 H un autre en début d'après midi.

Vous n'aurez aucun mal à trouver une voiture pour vous y accompagner. Tout le monde la connaît.

A demain.

Sarah H. Rowland.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*L'intéressé répondit qu'il prendrait le ferry de l'après-midi, et, en effet, le lendemain, à 15h, Sarah entendit les aboiements caractéristiques de son chien qui signalaient la venue d'une présence étrangère. William Van Hunburg se tenait devant la porte d'entrée, partagé entre une légère appréhension devant le molosse et un intérêt prononcé pour la vieille demeure. Dès qu'il la vit, tout cela se dissipa, il fixa toute son attention sur la jeune maîtresse de maison. Une main tendue accompagna son sourire, toujours aussi franc et cordial. *

Ravi de vous revoir Miss Rowland !

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Elle n’avait pas entendu de voiture, mais l’aboiement d’alarme sonore autant que grondant ne laissait aucun doute. Son visiteur était arrivé. D’un pas rapide elle contourne l’angle de la maison, revenant de la serre, emprunte le passage couvert qui longe la façade, mène à l’entrée presse le pas lorsqu’elle l’aperçoit face à l’entrée où il se tient, le nez tantôt en l’air sur la façade, tantôt revenant à la hâte vers le géant aussi hirsute que dissuasif sur ses talons.

- Culann ! C’est bon !

Un dernier regard de sous les sourcils broussailleux, le chien redescend les marches, s’assoit au bord de l’allée, observe, tandis que la jeune femme franchit les derniers mètres, que son sourire se dessine. La tenue bien moins sévère, les cheveux qui dansent sur ses épaules, une tenue de cavalière, bottée, portant une chemise d’un blanc éblouissant sous la veste de laine. Elle en referme un bouton en hâte tandis qu’elle vient saisir la main qu’il lui tend. Elle paraît bien jeune habillée ainsi.

- Bonjour Monsieur Van Hunburg ! Je n’ai pas entendu votre voiture mais notre Irlandais à l’oreille fine ! Toujours le premier à accueillir les visites. Avez-vous fait bonne traversée ?

Elle saisit la main tendue, la petite main chaleureuse et ferme dans la sienne.

- Entrez je vous en prie ! Bienvenu à Rowland House.

La grande porte blanche pivote, laisse passer dans le hall la jeune maîtresse, son visiteur et… le chien dans une bouffée chaleureuse et une légère odeur de feu la vieille maison les accueille. Une vieille dame au regard vif dévisage le visiteur un instant, avant de lui sourire tandis que Sarah lui présente sa tante installée à lire dans le grand salon. Puis l’invitant à retraverser le hall elle ouvre la porte vitrée qui donne sur une autre salon où trône une très belle bibliothèque, d’un geste l’invite à la suivre, refermant derrière eux au nez et à la barbe du chien qui de dépit se couche devant la porte avec un soupir théâtral.

- C’est un endroit où j’aime à travailler parfois. Mon laboratoire est juste à côté. Alors… le chien et ses effluves de retour de promenade reste dehors ! Et je ne voudrais pas qu’il vous incommode…

Un sourire un peu espiègle, tandis qu’elle jette sa veste sur le dossier d’un fauteuil, l’invite à se mettre à l’aise et s’installe dans l’un des canapés face au feu. Sur un petit plateau sur la table basse délicatement marquetée sont disposés différents flacons, vraisemblablement ce qu’elle veut lui présenter, et un petit carnet de notes pourvu d’un stylo.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Un coup d'oeil mi-amusé mi-appréciateur jauge la tenue inattendue du nez. *

Merci mademoiselle. J'ai fait bonne traversée merci, et demandé au taxi de me laisser un peu avant d'arriver chez vous, je voulais marcher un peu et profiter de...l'air de l'île.

*Le client suit la jeune femme dans la maison, non sans observer avec attention ses finesses architecturales ou décoratives, et la chaleur de l'atmosphère qui s'en dégage. Il salue la vieille tante avec toute la politesse d'un homme du monde, avant de finir par pénétrer dans le second salon dont il regarde la bibliothèque avec une sorte d'appréhension respectueuse. *

Jolie pièce ! Et imposante bibliothèque ! Je ne sais pas si j'ai déjà lu autant de livres ! Si j'avais un tel écrin pour les mettre, cela me donnerait sûrement envie .

*Il rit brièvement à la remarque sur le chien.*

Oui, j'imagine que la brave bête ne doit pas être de si bonne compagnie lorsque vous travaillez !

*Puis s'intéressant au flacon sur la petite table, il s'installe dans le canapé et jette un regard plein d'attente à son hôtesse.*

Voilà donc l'oeuvre ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

Un petit sourire en coin et un clin d’œil complice à sa tante lorsque le visiteur lui tourne le dos pour la suivre, l’œil avisé de la vieille dame s’attardant un peu plus longuement que la bienséance le voudrait sur le verso de Van Hunburg qui traverse le hall ne lui échappant pas.
Elle observe son regard étrange sur la bibliothèque et répond à sa curiosité.

- Merci !

Un éclat de rire frais coupant sa réponse.

- Rassurez vous, je suis encore loin d'avoir lu tous les ouvrages que recèlent cette maison. Mon père comme d'autres de la famille était féru de beaux livres et lisait abondamment. La bibliothèque s'est constituée au fil des lectures de plusieurs générations de Rowland. Ma mère avait la sienne aussi, à l'étage, plus versée dans les ouvrages de recherches et de botanique. La mienne est bien plus modeste...
Bien plus éclectique aussi, plein d'affreux bouquins très ennuyeux sur la chimie, les matières parfumées et tout ce qui s'y rapporte de près ou de plus loin...
Cullann est un merveilleux compagnon... en dehors de mes heures de travail. Son pelage a le chic pour s'imprégner de l'odeur de tout ce qu'il cotoye. Je peux souvent dire à l'odeur où sa promenade l'a mené quand il rentre de ses... "escapades"!
Comme ce jour ou il s'est intéressé d'un peu trop prêt aux volailles d'un de nos voisins. Je le savais avant même que le dit voisin, par ailleurs charmant, débarque ici avec la pièce à conviction pour se faire rembourser sa poule...

Un petit sourire, comme une excuse, suivant le regard qui trahit l'impatience et la curiosité de son client vers la table.

- Oui, votre parfum est là. Je ne vais pas plus longuement faire durer votre attente puisque c'est lui qui vous amène !

La main se tend vers les flacons et fioles sur la table, en écartant un, un peu plus grand pour le pousser vers Van Humburg.

- Il est à vous... je vous en prie.

Dans l'éclat du feu le flacon brille, tentateur.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Le client rit à l'anecdote sur le chien transformé en renard pendard, puis à l'invite prend délicatement la fiole de parfum. Délicatement il l'ouvre et se penche, rapidement renifle, écarte la fiole, semble se concentrer, la rapproche à nouveau pour s'en imprégner encore l'odorat. Au bout d'un temps jugé assurément long pour la jeune nez, il repose l'objet sur le plateau et se tourne vers elle avec ce petit sourire qui marque l'approbation. *

Voilà un parfum qui me parle... Qu'est-ce que... ? Du pin ? Et...un autre bois n'est-ce pas ?

Messages : 69 Date d'inscription : 29/09/2010

La jeune femme observe attentivement la rencontre de son client avec qui est sensé le séduire. Penchée instinctivement vers lui, elle paraît tendue, tripotant nerveusement une mèche de cheveux qui a glissé de ses épaules, vient mordre sur son regard où flotte un soupçon d’inquiétude. Elle s’en aperçoit et s’efforce de reprendre une allure plus décontractée, vient appuyer son dos au dossier du canapé confortable, reposant ses mains à plat sur ses genoux.
A l’approche prudente de son vis-à-vis elle semble se détendre. Un soupçon de sourire revient lorsqu’il reste perplexe, semble s’interroger en éloignant le parfum libéré pour mieux y revenir. Au moins il n’y plonge pas son nez, ne s’en répand pas sur les mains en s’aspergeant copieusement comme elle a vu d’autres si souvent le faire, se noyant dans une ondée odorante si violente qu’il est impossible d’en plus rien distinguer pour des heures. Merci !
Lorsque les questions arrivent, le sourire s’affranchit, le Nez revient à la charge. Elle se rapproche, avec des gestes vifs et précis tandis qu’elle lui parle, attrape une petite languette de papier absorbant dans un verre où elles sont disposées, en trempe l’extrémité dans le parfum puis lui tend du bout des doigts avec un sourire.

- Tenez, ceci vous permettra de mieux faire connaissance. Le support est parfaitement neutre et permet au parfum de se développer convenablement. Il va évoluer peu à peu, d’autres senteurs vont se distinguer.

Lui laissant quelques instants, plus sérieusement reprend.

- Oui. Tout à fait. Après cette petite gifle tonique de l’algarol, vous êtes entré dans le bois.
Ha… pardon ! Algarol… c’est le Fucus vesiculosus, l’algue est cultivée en Europe, sur les bords de la mer du Nord. La mer est en tête. Après oui. C’est la douceur balsamique de la sève de pin que vous avez bien reconnue elle fait la transition avec le cœur de votre parfum qui arriven un peu comme on arrive en lisière de forêt.

Un léger sourire puis reprend, au fûr et à mesure de son discours, débouchant les différents autres petits flacons qui trônent sur la table, lui en présentant une mouillette du produit original pour l’aider à mieux identifier ce qu’il découvre.

- Ce deuxième bois qui s’insinue, plus prenant, avec ces senteurs d’humus riches et profondes, comme un bois après la pluie n’est pas ? C’est le cèdre… Celui-ci est de grande qualité, il vient d’une cédraie encore parfaitement traditionnelle de l’Atlas oriental. On se dirige vers le cœur de votre parfum… C’est le bois de santal que vous allez distinguer ensuite, plus animal, plus opulent. Celui ci c'est du Mysore, on n'en produit que dans une minuscule région au pied des Chamundi Hills. Une rareté. J'ai pu l'obtenir d'un ami parfumeur qui se rend en Inde directement pour le chercher. Tenez !

Lui tendant une nouvelle mouillette qu’elle vient de plonger dans un autre flacon au liquide jaune brunâtre et visqueux.

- Votre forêt se fait plus profonde… elle se peuple, prend vie peu à peu, distinguez vous la touche de vanille ? Avec encore un peu plus de temps… cette vie va s’animer, c’est les effets de l’ambre gris. C’est cette sensation, cette note là qui constituera l’empreinte de votre parfum. Ce sera sa rémanence finale, qui va grandir, se décupler peu à peu, le souvenir olfactif qui restera sur votre épiderme lorsque le reste se sera dissipé.
Comment va votre nez ? Encore réactif ? Les matières pures sont grisantes et envahissantes…même sur une simple mouillette. Il faut parfois prendre le temps de les laisser mourir tranquillement avant de pouvoir poursuivre.
Voulez vous sentir l’Ambre gris aussi ?

Elle regarde le dernier flacon apporté sur la table, le plus petit, le plus sombre aussi, soigneusement tenu bouché, avec un sourire rêveur, où pointe pourtant une espièglerie à peine dissimulée, comme un léger défi… Le regard ambré revient à son interlocuteur, attendant sa réponse.

Admin Messages : 265 Date d'inscription : 17/09/2010

*Le client prend les languettes, les unes après les autres, suivant les invites et explications de la professionnelles, humant timidement, passant et repassant sous son nez les papiers parfumés, souriant légèrement au contact des odeurs familières; ou fronçant l'appendice, les sourcils, cherchant à fixer ses sens et le nom qu'on lui apprend sur les senteurs exotiques. Quand vient la fin et la proposition de l'ambre gris, il repose sa languette, renifle plusieurs fois, expire comme pour chasser toutes les essences dont il s'est saturée, avant de répondre, de toute évidence ignorant de ce qui l'attend. *

De l'ambre gris ? Ah...Eh bien oui, essayons !